Présidentielle américaine: Mais pourquoi les marchés financiers se portent-ils si bien après la victoire de Donald Trump?

Donald Trump lors d'un meeting, en février 2016.
La débâcle boursière n’a pas eu lieu. Dix jours après la victoire de Donald Trump à la présidentielle américaine, les marchés financiers se portent bien. Wall Street a même enchaîné les records dans les séances qui ont suivi l’élection. Pourquoi ? 20 Minutes a posé la question à Olivier Passet, directeur des synthèses économiques du groupe Xerfi.

Les analystes financiers avaient prévu un effondrement des marchés en cas de victoire de Trump… Les bourses sont en fait florissantes. Comment expliquer un tel décalage ?

Avant l’élection, Wall Street n’avait pas intériorisé une possible victoire de Donald Trump. Ce candidat représentait donc une inconnue pour les marchés. Mais quand le candidat Trump est devenu le président, les investisseurs se sont penchés sur son programme… Et n’ont pu que constater que celui-ci est extrêmement favorable au monde des affaires. Trump prévoit une baisse massive de la fiscalité, la fin de la transition énergétique et donc, un abaissement des normes environnementales, et la révision de certaines dispositions de la loi Dodd-Frank qui réglemente le secteur financier américain… Son programme ne propose que des réductions de coûts ! La seule inquiétude que les investisseurs peuvent avoir concerne le déficit public américain : comme les recettes vont baisser du fait du recul de la fiscalité et que les dépenses vont augmenter avec le programme des grands travaux, ce déficit devrait se creuser. D’ailleurs, nous pouvons constater que les taux longs ont déjà remonté…

Mais les marchés n’ont-ils pas lu le programme de Trump en matière de protectionnisme ? Ne craignent-ils pas que le président mette le holà aux accords de libre-échange ?

Les marchés ne savent pas vraiment analyser les impacts possibles d’une éventuelle renégociation des accords de libre-échange en vigueur et encore moins ceux de la non-signature d’un accord qui n’existe pas encore… Et à vrai dire, ils s’en moquent. Car dans tous les cas, il s’agit là d’horizons bien trop longs pour eux. Certes, la démondialisation est en marche. Mais cette révolution a commencé bien avant Donald Trump – de grands groupes relocalisent leur production depuis la fin des années 1990 – et il s’agit d’un processus très long. Et puis, Trump ne veut pas faire sauter l’ Alena [l’accord qui permet le libre-échange entre les Etats-Unis, le Mexique et le Canada], mais seulement surtaxer certains produits provenant du Mexique… Pas de quoi affoler le monde des affaires.

Hillary Clinton avait été présentée comme « la candidate de Wall Street ». Mais le vrai chouchou des marchés financiers n’est-il pas Donald Trump finalement ?

Exactement. Les financiers défendaient la candidature de Hillary Clinton pour deux raisons. Primo, parce qu’ils s’inquiétaient de la santé mentale de Donald Trump. Mais maintenant que l’outsider a gagné, ils le trouvent moins fou. La victoire a souvent cet effet de transformer le déraisonnable en stratège… Secundo, les marchés financiers savaient qu’avec le programme de Clinton – qui était très détaillé et entièrement financé – rien ne changerait. Ce qui leur convenait parfaitement : ils misaient sur la continuité. Ce n’est pas le cas avec Trump… Mais c’est encore mieux : le président propose de mettre en œuvre tout ce dont les mondes des affaires et des finances ont toujours rêvé sans oser même l’avouer ! Le seul risque finalement pour eux, c’est que Trump n’applique pas son programme.

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